Rien qu’en 2017, la déforestation a entraîné le déboisement de 294.000 km² de forêts. L’équivalent d’un terrain de foot anéanti chaque seconde. De prime abord, football et protection des forêts n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre. Et pourtant… L’influence du football, sport le plus populaire du monde, est telle qu’elle rayonne jusque dans des sphères insoupçonnées. C’est aussi et surtout un langage universel que médias et ONG s’approprient pour mettre en lumière cette cause essentielle.
Unité de mesure footballistique
D’après l’ONG Greenpeace, entre les mois d’août 2017 et juillet 2018, 7 900 km² de forêt amazonienne ont été déboisés. L’équivalent « d’un million de terrains de foot » martèlent les médias. Vous l‘avez peut-être remarqué, c’est presque systématiquement cette unité de mesure qui est choisie pour rendre compte de l’avancée du désastre écologique qui se joue principalement en Amazonie, en Asie du Sud-Est et en Afrique.
Pourquoi ? Car plus les chiffres sont stratosphériques (et donc inquiétants), plus on a tendance à décrocher, faute de pouvoir se les représenter concrètement. Or, un « terrain de foot », tout le monde en a déjà foulé un (ou au moins vu) une fois dans sa vie. C’est une unité de mesure universelle. Un terrain correspond à 0,7 hectare. Parler de 70 hectares ou 10 terrains de foot , cela n’a pas le même impact dans l’esprit du public. Or voilà, le danger est grand, et les médias et ONG qui alertent sur le sujet ont besoin d’images fortes pour faire passer leur message.
Neymar s’engage pour l’Amazonie
D’après l’ONG WWF, la forêt amazonienne a déjà perdu un cinquième de sa superficie et 40 à 55% de sa surface restante devrait disparaître d’ici 2050. Ce n’est pas la récente élection du président brésilien Jair Bolsonaro qui devrait améliorer la situation. En effet, son discours anti-environnemental et sa politique ultra-libérale font craindre le pire alors que le pays est d’ores et déjà le plus touché par le fléau de la déforestation (suivi par l‘Indonésie, les pays d’Afrique équatoriale et centrale – Nigeria, Tanzanie, Zimbabwe, République Démocratique du Congo – et plus récemment le Canada et la Sibérie).
Pas surprenant que l’étoile du football brésilien, Neymar Jr, se soit engagé pour cette cause. En 2015, avec L’Instituto Projeto Neymar Jr qu’il a créé un an plus tôt (un centre éducatif et sportif pour les enfants de 7 à 14 ans qui vise à favoriser leur insertion sociale), il s’associe à WWF-Brésil pour sensibiliser au péril de la déforestation. À l’occasion de la Journée de l’Amazonie célébrée tous les 5 septembre, le joueur avait diffusé une vidéo invitant tous ses followers à soutenir l’action de l’ONG.
Il est du devoir de tous les Brésiliens et de tout être humain qui admire l’Amazonie d’en prendre soin. Nous devons rendre à la nature tout ce qu’elle nous a donné. Cet acte de préservation contribuera à nous rapprocher. Mon institut et moi-même appuyons Amazon Day car nous nous soucions de l’avenir de nos enfants.
“Dia da Amazônia e o Neymar apoia nossa causa. #WWF-brasil #VivaAmazonia pic.twitter.com/KqYavyEDFC
— Delana Borges (@BorgesDelana) 5 septembre 2015
#StopMontagnedOr, le combat d’Ibrahim Cissé
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la majeure partie des zones déforestées ne le sont pas directement pour utiliser le bois. Il s’agit en réalité de gagner du terrain. Et notamment de faire de la place pour les élevages bovins et les gigantesques monocultures (soja, huile de palme etc…) qui serviront en partie à nourrir ces bêtes.
D’après l’ONG, “le projet prévoit un déboisement total de 1513 hectares dont une déforestation de forêts primaires, à forte valeur écologique, de 575 hectares, sur un site où plus de 2000 espèces végétales et animales dont 127 protégées ont été inventoriées”, sans compter les milliers de tonnes d’explosifs, de cyanure et de fuel nécessaires à l’extraction de l’or.
Un cauchemar écologique contre lequel le footballeur a décidé de mener bataille à l’occasion d’une campagne baptisée #StopMontagnedOr. Ce combat, il l’incarne dans un clip aussi puissant que parlant où on le voit courir à travers des dizaines de terrains de foot (les fameux) et esquiver des obstacles multiples (mineurs, troncs d’arbre, explosifs, animaux sauvages…). De quoi illustrer parfaitement la lutte qui se joue au quotidien en Amazonie.
Un combat universel
Les forêts tropicales sont les plus menacées et les conséquences sont dramatiques puisque cette déforestation massive entraîne une accélération du changement climatique (pour rappel, les arbres captent le CO² responsable du réchauffement climatique), mais aussi une perte de la biodiversité (faune et flore) ainsi qu’une destruction de l’habitat de populations autochtones déjà fragilisées. Et si les actions de reforestation sont nombreuses à travers le monde (et essentielles), elles ne suffiront malheureusement pas à remplacer la richesse des forêts naturelles, lieu de diversité par essence.
C’est donc en amont qu’il faut agir. En s’engageant directement contre la déforestation et en modifiant ses habitudes de consommation notamment. Car, faut-il le rappeler, en matière de combat écologique, il n’y a pas de frontières. Ce qui se passe chez le voisin nous concerne tout autant. Pour protéger la planète, la solidarité est de mise.